Poésie, culture et toilettes

Ici viennent tomber en ruines, les chefs d’oeuvre de la cuisine.

Pour ce lieu de passage obligé qui a inspiré les plus grands…


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Avant de quitter l’oubliette
Jetez vos yeux sur la cuvette
N’imitez pas ceux qui s’en vont
Laissant leurs souvenirs au fond

Prenez plutôt la balayette
Versez de l’eau avec douceur
Frottez ensuite avec ardeur
Et partez quand la place est nette.

Voltaire

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Toi qui soulages ta tripe
Tu peux dans cet antre obscur
Chanter ou fumer la pipe
Sans mettre tes doigts au mur

Stéphane Mallarmé

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LE PETIT ENDROIT

Vous qui venez ici
Dans une humble posture,

De vos flans alourdis
Déposer un fardeau,

Veuillez, quand vous aurez soulagé la nature
Et déposé dans l’urne un modeste cadeau,

Epancher de l’amphore un courant d’onde pure
Et, sur l’autel fumant poser en chapiteau,

Ce couvercle arrondi dont l’austère jointure
Aux parfums indiscrets doit servir de tombeau

Poème d’Emmanuel Arago souvent attribué à tort à Alfred de Musset.
Maurice Sand à envoyé ce poème à George Sand, sa mère.

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Ici viennent tomber en ruines
Les chefs d’oeuvre de la cuisine.

Brillat-Savarin

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Cambronne — on y songe avec peine —
Ne se fut pas montré bien français :
En criant aux Anglais le mot qui porte veine,
C’était fatalement assurer leur succès.

Tristan Bernard

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Chasseur sachant chasser
Ici sachez pousser.

Louise de Vilmorin avait écrit dans les vastes et belles toilettes du relais de chasse de Jean de Beaumont, et sur un livre d’or prévu à cet effet dans ledit endroit.

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Dans ce lieu peu agréable
Mais pourtant indispensable,
Tenez vous comme à table
Faites que la lunette

Ressemble a votre assiette
Et qu’il n’y reste aucune miette
Car c’est ici que tombent en ruines
Avec odeur et triste mine,
Les restes de la cuisine

(Affichée dans les toilettes d’un restaurant de Lorraine)

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AUX CABINETS

Malgré l’humour et la vertu
Il faut ici montrer son cul
Malgré la haine et la fierté
Il faut ici se défroquer
Malgré l’amour et la tendresse
Il faut ici montrer ses fesses.

Poussez ! Poussez ! Les constipés
Le temps ici n’est pas compté
Venez ! Venez ! foules empressées
Soulager là votre diarrhée
Car en ces lieux souvent chéris
Même le papier y est fourni.

Soit qu’on y pète, soit qu’on y rote
Tout est permis au sein des chiottes
Mais ? graine de vérole ou de morpion
N’oubliez pas d’vous laver l’fion
De ces WC tant visités
Préservez donc l’intégrité

Rendons gloire à nos vespasiennes
De faïence ou de porcelaine !
Que l’on soit riche ou bien fauché
Jamais de classe dans les WC
Pines de smicards ou de richards
Venez tous voir mon urinoir !

Qu’ils s’appellent chiottes, goguenots, waters
Tout l’monde y pose son derrière
On les dit turcs ou bien tinettes
Tout est une question de cuvette
Quand celles-ci se trouvent bouchées
Nous voilà tous bien emmerdés.

Entrez, entrez aux cabinets
Nous raconter vos p’tits secrets
Savoir péter c’est tout un art
Pour ne pas chier dans son falzar.

Si cet écrit vous semble idiot
Torchez-vous-en vite au plus tôt
Si au contraire il peut vous plaire
Affichez-le dans vos waters !!!

(Auteur inconnu !)